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Droits au GIR 4 : qui est concerné ?

Il existe des frontières qu’on ne remarque qu’au moment de les franchir. Celle de la dépendance, par exemple, ne s’annonce pas avec fracas : elle s’infiltre dans le quotidien, un geste après l’autre. Claire, 82 ans, en fait l’expérience chaque matin. L’énergie reste intacte dans le regard, mais les jambes, elles, obéissent moins vite. Sa fille se questionne : quand passe-t-on du simple « coup de fatigue » à une vraie perte d’autonomie ?

Le GIR 4 ne s’affiche jamais en lettres capitales dans la presse. Pourtant, ce classement discret façonne la vie de milliers de familles, coincées entre un désir d’indépendance et le besoin d’un soutien bien réel. Comment savoir si l’on relève de ce fameux GIR 4, et surtout, comment éviter d’ignorer les premiers signaux ?

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Comprendre le GIR 4 : un degré de dépendance à ne pas sous-estimer

Dans le vocabulaire de la gérontologie, le GIR (groupe iso-ressources) n’est pas qu’un acronyme technique. C’est le code qui décide du type d’aide accessible à chaque personne âgée. La fameuse grille AGGIR mesure le degré de dépendance sur une échelle de 1 à 6. Le GIR 4, lui, s’installe dans cette zone grise, entre la pleine autonomie et la perte totale de repères. Ni tout à fait indépendant, ni vraiment dépendant.

Dix critères, rien que ça, servent à évaluer la situation : cohérence, orientation, toilette, habillage, alimentation, élimination, transferts, déplacements en intérieur, en extérieur, communication à distance. En GIR 4, on se débrouille encore pour les tâches simples, mais certaines actions – se laver, s’habiller, parfois même préparer un repas – nécessitent une aide régulière. Un coup de main, parfois une surveillance, mais pas une présence constante.

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  • Les personnes classées GIR 4 vivent une perte d’autonomie partielle : trop fragilisées pour se passer d’aide, mais loin de nécessiter une assistance permanente (GIR 1, 2), ou d’être totalement autonomes (GIR 5 et 6).
  • L’évaluation se fait à domicile ou en établissement, menée par des équipes médico-sociales formées à l’application de la grille AGGIR.

La subtilité du GIR 4 : il s’adresse à celles et ceux qui, malgré de vraies ressources, butent sur des fragilités tenaces. C’est cet entre-deux qui ouvre la voie à des aides spécifiques, bien avant que la dépendance ne devienne un mur infranchissable. La reconnaissance du niveau de perte d’autonomie via la grille AGGIR conditionne les droits et l’accompagnement mis en place.

Qui est concerné par le classement GIR 4 ?

Le GIR 4 ne correspond pas à un profil unique. On y retrouve des personnes âgées de tous horizons, partageant ce point commun : une autonomie fragile. Certaines activités se font encore sans assistance, d’autres réclament un appui extérieur. L’aide n’est pas constante, mais elle s’impose pour l’habillage, la toilette ou la préparation des repas – autant de gestes qui, peu à peu, échappent à la routine.

Le quotidien en GIR 4 se vit dans différents environnements :

  • à domicile, avec le soutien d’un proche ou de professionnels ;
  • en résidence autonomie ou résidence services, pour un cadre sécurisé et souple ;
  • au sein d’un habitat inclusif, une formule collective basée sur la solidarité ;
  • en maison de retraite, EHPAD ou USLD si la situation l’exige.

En EHPAD ou USLD, les GIR de 1 à 4 sont accueillis. Mais, dans les faits, la plupart des personnes en GIR 4 préfèrent rester chez elles le plus longtemps possible. Ce maintien à domicile, porté par des dispositifs adaptés, préserve les liens sociaux et les repères, tout en assurant la sécurité grâce à un accompagnement sur-mesure.

Quels sont les droits et les aides accessibles en GIR 4 ?

Être classé GIR 4, c’est pouvoir prétendre à l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), un sésame pour des aides concrètes au quotidien. L’APA à domicile finance un plan d’aide personnalisé : intervention d’une auxiliaire de vie, portage de repas, adaptation du logement, achat de matériel, transport… En 2025, le plafond de l’APA à domicile pour le GIR 4 atteindra 797,96 € par mois, ajusté en fonction des ressources de chacun.

Pour celles et ceux qui font le choix d’un EHPAD ou d’une USLD, l’APA en établissement prend en charge une partie du tarif dépendance (spécifique aux GIR 3-4). Côté hébergement, l’aide sociale à l’hébergement (ASH) et, selon les cas, les APL ou ALS peuvent alléger la facture mensuelle. Les caisses de retraite proposent aussi parfois des aides pour l’aménagement du logement ou les services à la personne.

Les avantages fiscaux ne sont pas en reste : le crédit d’impôt de 50 % s’applique pour l’emploi d’un salarié à domicile, dans la limite d’un plafond annuel. Les résidents d’établissement, eux, bénéficient d’une réduction d’impôt de 25 % sur les dépenses de dépendance et d’hébergement, dans la limite de 10 000 € par an.

  • Les SSIAD (services de soins infirmiers à domicile), kinés, ergothérapeutes ou autres professionnels de santé peuvent intervenir en fonction des besoins.
  • La carte mobilité inclusion (priorité, stationnement) est accessible sous conditions.

Chaque plan d’aide s’ajuste à la réalité de la personne, en lien direct avec l’équipe médico-sociale, pour préserver la qualité de vie et permettre de rester chez soi le plus longtemps possible.

aide sociale

GIR 4 : comment faire valoir ses droits ?

Pour solliciter l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) en GIR 4, il faut déposer un dossier auprès du conseil départemental. Celui-ci est disponible en mairie, au CCAS (centre communal d’action sociale), ou téléchargeable sur le site Internet du département. Quelques documents à remplir : état civil, ressources, situation médicale.

Après dépôt, une équipe médico-sociale se déplace à domicile pour évaluer la dépendance via la grille AGGIR et recenser les besoins concrets. Le plan d’aide est construit sur mesure, avec la personne concernée et ses proches.

  • Le CCAS peut accompagner dans la constitution du dossier et son suivi.
  • Si la reconnaissance du GIR 4 ou le montant de l’APA fait débat, il existe un recours administratif préalable obligatoire (RAPO) auprès du conseil départemental.

Si le RAPO ne règle pas le litige, le tribunal administratif est la prochaine étape, et le Conseil d’État peut encore être saisi en ultime recours. À chaque phase, la procédure s’attache à respecter la singularité de chaque situation, depuis l’évaluation jusqu’aux voies de recours.

Le GIR 4 n’est pas un simple chiffre : c’est la brèche par laquelle s’invitent l’aide, le répit et la dignité retrouvée. Il suffit parfois d’un pas, d’un dossier rempli, d’un appel entendu… pour que la frontière devienne passage et que l’autonomie, même fragile, prenne racine là où on ne l’attendait plus.

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