La population continue de vieillir, et cette réalité impose de nouveaux défis pour l’intégration des personnes âgées. L’isolement social, la sous-estimation des compétences des seniors, la perte de liens : autant de signaux d’alerte dans un pays où l’expérience accumulée pourrait devenir un atout partagé. Pourtant, la richesse des parcours de vie et la diversité des savoir-faire des aînés restent, trop souvent, sous-exploitées.
Face à ce constat, on voit émerger des projets audacieux. Les programmes intergénérationnels, par exemple, redonnent du souffle aux échanges entre générations. Les activités portées par les associations locales, ou encore les politiques qui privilégient le maintien à domicile, contribuent à renforcer la place des seniors dans la vie collective. Ces initiatives permettent non seulement d’améliorer le quotidien des personnes âgées, mais aussi de rappeler à tous que leur présence et leurs connaissances représentent une véritable ressource pour la société.
Associer les citoyens à la construction d’une société plus accueillante pour nos aînés
Pour imaginer des réponses concrètes au vieillissement, le gouvernement a misé sur la participation citoyenne. En 2018, Agnès Buzyn, alors ministre des solidarités et de la santé, a ouvert la voie avec une consultation citoyenne sur la prise en charge des aînés. Deux ans plus tard, Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’Autonomie, renouvelle l’expérience via Make.org, mobilisant le public pendant huit semaines autour de la question du bien-vieillir.
La contribution des Conseils de développement
Dans cette dynamique, la Coordination nationale des Conseils de développement a apporté sa pierre à l’édifice lors de la consultation sur le plan « grand âge et autonomie » en 2018. En analysant les contributions de 19 Conseils de développement issus de tout le territoire, elle a offert une vision locale et nuancée du sujet. Ces analyses, transmises au ministère de la santé, ont enrichi les réflexions sur les politiques publiques destinées aux personnes âgées.
Le rapport de Dominique Libault
Le rapport de Dominique Libault, fruit de la concertation « Grand âge et autonomie », a marqué un tournant. Il insiste sur un point : il faut repenser notre société pour qu’elle soit réellement inclusive et adaptée au vieillissement. Aujourd’hui, la consultation citoyenne continue, invitant chacun à prendre part à la recherche de solutions concrètes et partagées.
Les plateformes participatives
Les plateformes participatives, telles que Make.org, ont permis de donner la parole à un public élargi. Objectif : recueillir avis, suggestions et propositions sur l’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées. Ces contributions alimentent la réflexion et peuvent influencer le choix des décideurs.
Voici quelques points saillants de cette démarche collective :
- Consultation citoyenne : Chacun peut exprimer ses idées pour construire une société plus inclusive.
- Coordination nationale des Conseils de développement : Apporte une vision de terrain, ancrée dans la réalité des territoires.
- Rapport de Dominique Libault : Sert de socle à des réformes ambitieuses et concrètes.
Les défis de la longévité et les réponses des politiques publiques
Le vieillissement de la population française impose de nouveaux choix collectifs. Selon l’INED, toutes les cinq minutes, trois nouvelles personnes basculent dans la catégorie des aînés. Cette évolution démographique bouscule les équilibres traditionnels. D’après la DRESS, un tiers des seniors doit puiser dans ses économies ou céder une partie de son patrimoine pour financer un hébergement en EHPAD. La question financière, ici, ne peut plus être écartée.
Les politiques publiques cherchent à inventer des réponses adaptées. À La Rochelle, par exemple, l’arrivée massive de nouveaux habitants en quête d’un cadre de vie apaisant interroge la capacité des infrastructures à suivre le rythme. Les Petits Frères des Pauvres ont montré qu’un tiers des plus de 60 ans ont souffert d’isolement lors du confinement, soulignant la nécessité de renforcer les liens sociaux.
Au-delà des frontières, Expertise France porte des projets en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Chine, pour améliorer la prise en charge des seniors. Dans le Guizhou, province chinoise, l’Agence Française de Développement soutient un projet dédié aux personnes âgées dépendantes. Selon la Banque Mondiale, la population chinoise de plus de 65 ans devrait doubler entre 2000 et 2025.
Le Cercle Vulnérabilités et Société, piloté par Edouard de Hennezel, défend l’idée qu’une vie sociale riche est la clé d’un vieillissement réussi. Les activités intergénérationnelles, la création de réseaux d’entraide et le maintien d’un lien social fort sont autant de leviers pour favoriser l’inclusion des aînés.
Favoriser le maintien à domicile et repenser les modes d’habitat
Pour que les personnes âgées vivent dans des conditions dignes et choisies, le maintien à domicile s’impose progressivement comme une solution de référence. La DRESS notait dès 2018 qu’un tiers des seniors devait entamer son épargne pour financer un séjour en EHPAD. Ce constat renforce la nécessité de proposer d’autres approches, plus abordables et personnalisées.
Les résidences autonomie offrent aujourd’hui un compromis intéressant. Elles proposent un environnement collectif à taille humaine, où l’autonomie reste préservée. Les personnes âgées y trouvent sécurité et convivialité, tout en conservant leur liberté de mouvement. Selon les Petits Frères des Pauvres, un tiers des plus de 60 ans a souffert de solitude pendant le confinement. Les résidences autonomie peuvent donc contribuer à briser cet isolement.
Sur le terrain, les initiatives se multiplient pour inventer de nouveaux modèles d’habitat. À La Rochelle, la pression démographique pousse à l’innovation : projets de cohabitation intergénérationnelle, nouveaux dispositifs d’accueil, collaborations entre collectivités, associations et familles. Cette dynamique crée de nouveaux liens et redonne du sens à la solidarité locale.
La crise qui touche les EHPAD, régulièrement mise en avant par les conseils de développement, impose une réflexion collective pour bâtir des alternatives durables et respectueuses des attentes des personnes âgées.
La participation sociale et les liens intergénérationnels comme leviers d’inclusion
Mobiliser l’intelligence collective, associer tous les citoyens à la réflexion : voilà l’esprit des consultations citoyennes lancées en 2018 par Agnès Buzyn, puis relancées en 2020 par Brigitte Bourguignon via Make.org. La Coordination nationale des Conseils de développement s’est emparée du sujet pour enrichir le débat depuis 2010, en s’appuyant sur l’expertise du terrain.
Ces consultations n’ont rien d’une simple formalité : elles invitent chacun à peser sur les choix qui façonneront la société de demain, à partager un vécu, à proposer des solutions. Dominique Libault, qui a piloté le rapport « Grand âge et autonomie », rappelle combien la participation citoyenne peut transformer durablement les politiques publiques. Les Conseils de développement ont ainsi multiplié les contributions concrètes, nourrissant la réflexion collective.
Les liens intergénérationnels, quant à eux, constituent une force souvent sous-estimée. Edouard de Hennezel, président du think tank « Cercle Vulnérabilités et société », insiste sur le rôle central d’une vie sociale active pour « bien vieillir ». Quant à Pierre Perret, Grand Témoin du mois, il rappelle combien la société gagnerait à valoriser l’expérience et la sagesse de ses aînés plutôt qu’à les mettre à l’écart.
Ces démarches, ancrées dans le réel, montrent que l’inclusion passe par le partage, l’échange et la reconnaissance des parcours de vie. Demain, la place des aînés dans la société ne se gagnera pas à coups de discours, mais grâce à ces liens tissés jour après jour, dans les quartiers, dans les familles, dans les choix collectifs. À chacun d’en mesurer la portée.


